En 2019, j’ai accepté d’être la marraine de l’association Lire pour en Sortir. Et plus le temps passe, plus je suis admirative du travail accompli auprès des personnes détenues et convaincue de son utilité publique. Avec une passion et une opiniâtreté remarquable, notre équipe de salariés et nos bénévoles s’échinent à faire entrer le livre en prison et à briser les cercles vicieux de l’ignorance, de la solitude et du désespoir. En milieu carcéral, 11 % des personnes sont illettrées et 30 % ne réussissent pas les tests de lecture. Leur permettre de maitriser les savoirs de base c’est leur offrir une chance de se réinsérer et de conquérir leur dignité.
Je me souviens avec précision de ma première rencontre d’auteur dans un Centre de détention et des bénévoles dont l’engagement et l’immense bonté m’avaient impressionné. « Beaucoup de personnes ne peuvent pas lire, seuls, un livre. Pendant des mois aussi, j’ai imprimé des contenus bilingues pour un détenu d’origine étrangère et je l’aidais à travailler », m’a raconté l’un d’eux.
Une autre m’a confié ceci : « pendant la guerre, mon père a été prisonnier et il nous en parlait souvent lorsque j’étais enfant. Vers quarante ans, je suis tombée malade, un cancer. J’ai été enfermée pendant plusieurs jours en chambre stérile, sans aucun contact avec un autre être humain. Cette solitude, vertigineuse, a été un moment marquant pour moi. Je me suis jurée que si je m’en sortais, je m’occuperais de gens qui vivaient enfermés. »
En prison, les best-sellers lus par les bénéficiaires de notre association sont Giono, Saint Exupéry, des récits de vie et de spiritualité. Il nous importe aussi de donner le goût de lire aux plus jeunes : aux enfants dont les parents sont détenus grâce au programme Lire en Famille et aux jeunes en détention qui sont si nombreux ! Nos ambitions sont grandes car il y a beaucoup à faire pour que le passage par la case « prison » ne constitue pas une exclusion définitive mais bien un passage qui permette une transformation personnelle et une réinsertion dans la société.
Permettre aux personnes détenues de s’élever, de partager, de découvrir d’autres vies que les leurs, c’est construire les bases d’une société plus juste et plus inclusive. Levinas écrivait : « Reconnaître autrui c’est reconnaître une faim. Reconnaître autrui, c’est donner.
Lire pour en Sortir présentée par notre marraine