« Chapeau ! Vous êtes un véritable Dafalgan, une tisane ». Ces mots d’un détenu, prononcés au terme d’un échange aussi riche qu’intense autour de mon roman Karma (éditions Poisson rouge), m’ont profondément touchée. Que la littérature soit considérée comme un remède, comme une source de mieux-être, voilà qui apporte un supplément de sens à mon travail.

Après avoir présenté ce texte traitant d’abandon, d’inceste et de résilience à la prison de Saint-Pierre quelques mois plus tôt, à l’invitation de Lire pour en sortir, je le présentais à la prison du Port le 16 juin dernier. « Vous autorisez-vous à tout écrire ? ». C’est sans doute la question d’un détenu que je retiendrai de cette rencontre. Je retiendrai aussi l’étincelle dans le regard de cet homme, ayant revécu sa propre enfance en lisant celle de mon personnage, Lucien Kunti, enfant abandonné dans les années cinquante à La Réunion, puis exilé en France hexagonale. Et puis cette émotion palpable après ma lecture d’un extrait évoquant l’inceste… et les échanges ensuite sur l’écriture libératrice, sur la fiction. – Isabelle Kichenin, auteure

 

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